Pourquoi mon chien ne garde pas la truffe au sol en Mantrailing ?
En Mantrailing, on n’oblige pas le chien à avoir le nez au sol, il faut comprendre que ce qu’on appelle simplement « odeur », ce sont des particules odorantes. Elles se diffusent hors de notre corps, des pieds à la tête, tel de la fumée autour de nous, en permanence, et elles passent à travers les vêtements (que nous bougions comme un « asticot » ou que nous restions figer comme une statue). Bien sûr, en bougeant, on en dégage plus, mais elles s’envolent encore plus vite.
Comme dit précédemment, ces particules s’envolent, et vont se fixer sur tous les supports : le sol, les murs, ou encore les buissons… Elles passent au-dessus des murs, entre le feuillage, rien ne les arrête et tout cela au grès du vent. Elles se fixent sur une gouttelette d’eau pour atterrir 50, 100, 200 mètres voire plus, au-delà de la piste.
En Mantrailing, vouloir obliger un chien à garder la truffe au sol, c’est réduire son travail. Le chien va chercher l’odeur qu’on lui a donnée partout de manière naturelle, c’est d’ailleurs pour cela qu’il traverse la rue. Il n’a pas besoin d’être sur le même trottoir que le traceur. En effet, une voiture ou un coup de vent peuvent avoir déplacé les particules de l’autre côté. Le vent est notre plus grand ennemi en Mantrailing. Il fait tournoyer les particules, nous ne faisons pas attention au vent qui circule autour de nous, tant qu’il ne nous apporte pas un peu de fraîcheur, ou bien tant qu’il n’envole pas nos papiers ou encore tant qu’il ne décoiffe pas nos cheveux. Cependant, il y en a en permanence.
Vous avez sûrement déjà vu votre chien, sur une bourrasque de vent lever le museau, se redresser, remuer la queue et s’exciter. Il y a peut-être un congénère, une femelle en chaleur, un lapin, on ne le saura jamais. Mais lui, il le sait, cette odeur qu’il a attrapé au vol venait sûrement de plusieurs centaines de mètres, voire des kilomètres, là aussi, on ne saura pas.
Alors pourquoi vouloir que nos chiens se contentent du sol, alors que leurs capacités leur ouvrent des champs de travail que nous ne maîtrisons pas, ni ne comprenons ?
Surtout des pistes « avec délais » : les particules ont eu le temps de s’éparpiller encore plus et elles diminuent en intensité… Et alors ? Vouloir les chercher « pas à pas » a-t-il un réel intérêt ?
Parfois certains chiens, ou certaines races, aiment travailler au sol. C’est soit parce que leur morphologie est plus adaptée à cette méthode, soit pour se rassurer ou simplement parce qu’il préfère ! Le Saint-Hubert, par exemple, avec ses oreilles qui tombent au sol, il est dit que « cela lui permet de ramener/capturer les odeurs ». Aussi, un chien, qui s’est laissé distraire par une autre odeur, repart le nez au sol.
Il peut aussi mettre le nez au sol pour mieux se concentrer, mais attention à ce qu’il ne se concentre pas sur autre chose comme la femelle qui vient de passer ou encore par le lapin.
C’est tout le travail « de lecture » en Mantrailing qu’il faut apprendre à détecter sur son chien et cela ne se fait pas en 2 ou 3 jours. Car, encore une fois, le chien apprend de ses expériences, change sa manière de travailler, comprend que vous avez détecté qu’il partait faire autre chose que ce que vous lui avez demandé.
Ils sont tous malins et peuvent tous vous faire croire « je suis au boulot » alors qu’en réalité : « ça sent bon la saucisse par-là ».
Il y a les chiens qu’il faut suivre avec de bonnes baskets, truffe au sol et ceux, où on les croirait en promenade, la truffe au vent. Dire que l’un travaille mieux que l’autre est une aberration. Celui qui tracte la truffe au sol, vous fera peut-être faire des centaines de mètres en plus, car sur le sol, il va repérer le chat d’il y a 3 jours avant de se reconcentrer sur l’odeur humaine qu’on lui a donné, alors que celui qui a la truffe au vent sentira les merguez en provenance du jardin 3 pâtés de maisons plus loin.
Pas de compétition, le principal est d’arriver au bout !